Sognot, Louis
(Français) Louis Sognot (Paris 1892 – 1970) Ancien élève de l’École Bernard Palissy, il apprend l’ébénisterie chez Jansen puis l’aménagement des paquebots dans l’Atelier Krieger. Après sa démobilisation en 1919, il entre aux Grands Magasins du Printemps pour ensuite diriger l’Atelier « Primavera » après la mort de René Guilleré (1878-1931) aux côtés de Charlotte Chauchet-Guilleré jusqu’en 1939 (arrivée de Colette Guéden). Primavera – qui est l’un des lieux fondateurs de l’Art déco – lui permet d’éditer ses premiers meubles qu’il présente au Salon d’automne et au Salon des artistes décorateurs. Le Mouvement moderne l’inspire largement et l’on ressent rapidement dans ses créations une forte influence du cubisme – notamment dans le célèbre pavillon Primavera présenté à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes en 1925. Il y découvre aussi les réalisations de Robert Mallet-Stevens, Francis Jourdain qui vont largement influencer ses futures réalisations. Il adhère sous leur parrainage à l’UAM en 1930. Bien qu’influencé par le mobilier en tube métallique chromé tel qu’il fut inventé par Marcel Breuer, Louis Sognot va trouver ses propres marques dans le Mouvement moderne dès la fin des années 1920. En association avec Charlotte Alix, il invente de très nombreux ensembles en métal mais qui cherchent à échapper au “Style clinique” pour se réconcillier avec la qualité d’une certaine tradition française revendiquée au Salon des artistes décorateurs. Il y ajoute des matières qui – sans être rares – dégagent une préciosité, comme les glaces, bois, moëlle de rotin, cuirs ou tissus colorés. Il invente ainsi un fauteuil en acier chromé et cuir dès 1925, une chaise enveloppante en croute de cuir et un tabouret de bar fortement architecturé par le tube de métal. Des meubles très largement remarqués par la critique de l’époque car ils semblent réconcillier productivisme de l’industrie et individualisme du décor : « On voit que s’ils ont presque partout utilisé le métal, ils ne l’ont fait que d’une façon très rationnelle en le faisant participer à l’ensemble, en le mêlant au bois sans l’imposer comme matière unique. Ils n’ont pas cherché les formules-standard ; au contraire, ils pensent que chaque nouvel ameublement comporte une nouvelle solution et c’est ainsi qu’ils ont réussi à donner de l’intimité à une matière que d’aucuns prétendaient inutilisable à ces fins » Avec Le Corbusier, Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret et René Herbst, il présente La Maison du Jeune Homme à l’Exposition universelle de 1935 de Bruxelles. Le tournant du modernisme social Un nouveau tournant dans sa création s’amorce à partir de l’Exposition internationale des arts et des techniques en 1937, où Louis Sognot est Président du groupe des Etalagistes au Palais de la Publicité, alors que se diffusent les premières créations de qualité abordables par des classes moyennes – notamment dans le Pavillon suédois. Le relai est pris au Salon des arts ménagers en 1939 quand il présente une chambre d’hôtel très économique et entièrement en rotin. La guerre interrompt cette amorce de démocratisation mais Louis Sognot va reprendre ce travail dès 1945, en concevant des modèles pour sinistrés aux côtés de René Gabriel . Il le reprend ensuite avec Jacques Dumond pour des appartement types à l’Exposition internationale de l’urbanisme et de l’habitation en 1947. Dans cette période, il définit un vocabulaire créatif précis où interviennent surtout le bois clair, le rotin – dont il est devenu le spécialiste en France – et plus ponctuellement le métal. Il reste très dynamique jusqu’aux années 1960, ses créations luxueuses sont éditées par Maurice Rinck (dont celle présentée à l’Exposition universelle de 1958) alors que d’autres modèles plus simples sont produits industriellement. Mêlant les uns et les autres dans ses stands, aux arts ménagers ou aux artistes décorateurs, et dans ses aménagements, il crée des associations particulièrement originales où, dans des lignes larges et souples, contrastent le ton clair du rotin, les couleurs vives des tissus et le noir du métal dans les meubles ou dans les luminaires de Serge Mouille…